Tahar Belkhodja : Le pays est en panne…
Tunisie Numérique 1/1/2019
Le pays est en panne. Sa survie, dans ces conditions, devient de plus en plus aléatoire. Les handicaps institutionnels, initiés depuis la consécration de la Constitution, sont entretenus par l’amalgame des desseins spécifiques des formations politiques. L’exécutif s’en réfère allègrement par impuissance ou infantilisme et aggrave ainsi la fragilité de la situation politique, économique et sociale… Les redressements sont impérieux. Le peuple Tunisien ne peut plus subir ces méandres, le pays ne pourra plus supporter indéfiniment les déficits généralisés et dans tous les domaines, qui vont immanquablement conduire à une faillite imparable.
Le pays est en panne. “La combinazione” a fait son temps. Le système soi-disant Tawaffek (Concorde) qu’on pensait ériger en exemple, est désuet et ne convainc plus personne, ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Par ailleurs, on ne peut décemment accepter la zizanie entre le Président de la république et son Premier ministre. Leur osmose réconforterait les citoyens.
Le pays est en panne. Il faut en finir avec ce spectacle permanent que nous assène certains députés en étalent leurs acrimonies. La critique est aisé, mais elle a ses limites, du moins dans le comportement. Le Résident de l’assemblée, impassible, d’une patience exemplaire est bâillonné par un règlement intérieur adapté « sur mesure ».
En France, l’article 49/3, initié par le général de Gaulle, atténue ces déraillements grâce à la décision du gouvernement de passer au vote. Il peut être opportun de gouverner pendant un certain temps par ordonnance, dans des conditions spécifiques, comme c’est d’usage dans beaucoup de pays. Nous ne pouvons pas nous targuer d’être plus démocratique.
Le pays est en panne :
- Un Comité National de Salut Public s’impose, l’état d’urgence le permet. L’année 2019 devra être consacrée à préparer une relève adéquate pour les cinq prochaines années de la législature, jusqu’a 2025. Nous n’avions pas opéré les reformes institutionnels à temps et dans les normes. Aujourd’hui, il faut craindre que nous soyons dépassés par les événements. La démocratie représentative est en cause : Elle sera de plus en plus supplantée par la démocratie directe. En 2014 c’était un désespoir qui s’est transformé en révolte. Depuis, nous n’avons pas su entretenir le changement ni le consolider. La rouerie n’aura plus cours, Le citoyen ne peut plus en être dupe.
- Opérons dans la sérénité, avant que cela ne soit dans la douleur, le sauvetage de notre pays que nous aimons respectable et respecté. Le problème institutionnel de la Présidence de la République devrait être clarifié au plus tôt. Il aurait dû l’être depuis longtemps, le Président – que Dieu lui prête longue vie – ne doit pas laisser le doute et la confusion s’instaurer et les échafaudages se construire. Plutôt que jamais, il doit déclarer son retrait pour 2019.
- Tous les Partis, toutes les formations, la société civile, les citoyens peuvent concourir, mais conformément aux normes des pays démocratiques. On ne peut se permettre une nuée de candidats à la présidence. Ils étaient 15 en 2014, ils seront plus pour 2019 si les conditions ne seront pas spécifiées pour pallier à ces dérives. Des cautions politiques sont nécessaires. En France, ce sont 300 élus aux premières responsabilités qui sont requis. La liberté d’expression n’a jamais signifié la gabegie. Un leader d’un grand parti m’avait répondu que ces candidats cherchaient uniquement le renom et la publicité…
- Les professions de foi ne sont plus crédibles, les programmes livresques ne seront même pas feuilletés. Les appels nostalgiques sont dépassés. Les prétendants consacrés devant descendre dans l’arène. Seuls les engagements précis et chiffrés sont probants. La crédibilité, l’abnégation et la compétence pratique seront les conditions premières pour convaincre les citoyens d’un véritable redressement.
- Soyons plus concrets : les trois grandes formations politiques actuelles, bien que nébuleuses encore : les Destouriens, la Gauche les Islamistes seront mis à rude épreuve. Le peuple est cette fois plus exigeant, il veut entrevoir son avenir, il a besoin de bols d’air frais, il ne veut plus être manipulé et sera bien difficile de lever ses circonspections. Dédaignant les balivernes et les escarmouches politique, il souhaiterait bien assister à des duels télévisés présidentiels sur les problèmes épineux. Les maux endémiques ne pourront plus être occultés, la pauvreté, l’emploi et le bien-être seront prioritaires. Nos enfants s’attacheront à leur patrie et son invulnérabilité, ce domaine est vital. Nous le contenons difficilement mais nous ne l’avons pas encore dominé complètement; on en parlera plus tard.